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« Confiées aux mains d’un messager sans prudence, les affaires succombent sous les difficultés des lieux et des temps, comme les ténèbres s’évanouissent au lever du soleil.

« Ici le vent, je pense, ici le vent lui-même ne pourrait aller incognito ; car il n’est rien qui puisse échapper à la connaissance de ces indomptables Rakshasas ! Si je me tiens ici, revêtu de la forme qui m’est propre, je cours vite à ma perte et l’affaire de mon seigneur échoue. Aussi vais-je me réduire à des proportions minimes dans cette forme elle-même et courir cette nuit à Lankâ pour exécuter les commissions de Râma.

Aussitôt faites ces réflexions, Hanoûmat de gagner un bois vers le coucher du soleil et de s’y tenir caché dans l’attente du moment où il puisse tromper l’œil des Rakshasas. Ensuite, quand le jour a disparu, le vigoureux fils du Vent, qui doit pénétrer la nuit dans Lankâ, se réduit à la grosseur d’un chat, et, sautant sur le boulevard, il se met à contempler cette ville entière, fondée sur la cime d’un mont, qui semblait tenir en elle son épouse, couchée dans son sein.

Tel que le ciel brille de ses constellations, elle étincelait de magnifiques palais, hauts comme la cime du Kêlâsa, blancs comme les nuages d’automne ; palais de corail, de marbre, d’argent, d’or, de perles et de lapis-lazuli, aux védikas de lapis et de perles, aux portes d’or, au sol pavé de corail, aux étages desservis par des escaliers de pierreries. Elle s’en allait, pour ainsi dire, espionner les secrets du ciel par ses hautes maisons élancées dans les airs.

Quand il eut observé la superbe cité du monarque des Rakshasas, cette Lankâ, si grande et si riche : « Il n’est