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de Sîtâ même et du magnanime Sougrîva, des Bhoûtas, des Rishis, des Mânes et de Kouvéra, le sage monarque des Yakshas. Puis il embrassa les siens, et, les ayant salués d’un pradakshina, il s’élança dans la route pure et sans écueil, habitée par le vent. « Au retour ! » s’écrièrent tous les singes. À cet adieu, il étendit ses longs bras et se tint la face tournée vers Lankâ.

Il affermit ses pieds sur le sol rocheux et le grand mont vacilla. Au moment qu’il appuya son pas sur la montagne, une liqueur rouge comme le sandal stilla des arbres embaumés de fleurs et parsemés de jeunes pousses.

L’eau suinte en bulles de mousse blanche par tous les côtés du grand mont, pressé sous le talon du singe vigoureux. Aussitôt qu’il assura le pied sur sa base, on vit chanceler soudain les belles cimes aimées des Siddhas et des Tchâranas, ces promenades chéries des Kinnaras. Toutes les fleurs tombèrent, secouées de la tête fleurie des arbres. À cette jonchée de fleurs aux suaves odeurs et qui, tombées de chaque arbre, couvraient le sol de tous côtés, on eût dit que la montagne était faite de fleurs. Quand il eut appuyé ferme ses pieds et baissé les deux oreilles, le noble singe, Hanoûmat de s’élancer avec toute sa grande vigueur.

Ses deux bras, allongés dans les champs du ciel, resplendissaient pareils à deux cimeterres sans tache ou semblables à deux serpents vêtus d’une peau nouvelle.

En quelque lieu de la mer que passe le grand singe, on voit les ondes entrer comme en furie, soulevées par l’air que déplace son corps. À la vue de ce tigre-simien, qui nage en plein ciel, les reptiles, qui ont leurs habitations dans la mer, pensent que c’est Garouda lui-même. Les poissons de tomber dans la stupeur, en voyant l’om-