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force, courage : tels que ces dons mêmes sont en moi, tels on les verra bientôt réunis dans ton fils. »

« Il dit ; et c’est ainsi que ma mère a jadis reçu la chaste faveur du beau Mâroute, ce vent, l’ami du feu, ce souffle rapide, impossible à mesurer, qui habite dans la région des airs et qui prête la respiration à tous les animaux. Je suis le propre fils de ce Mâroute à la course rapide, de ce magnanime à la terrifiante vélocité : je n’ai pas d’égal qui me le dispute à franchir une distance.

« Tous les singes, auxquels Angada commande, je suffirai seul, en traversant moi-même la grande mer, à les délivrer de la crainte qui les tourmente comme à repousser d’eux la colère de Sougrîva.

« Tel que Garouda, les ailes déployées, enlève un long serpent ; tel je vais d’un vol rapide m’emparer du ciel, séjour des oiseaux. Vous, nobles singes, attendez-moi tous dans ces lieux ; je vais franchir en courant les cent yodjanas.

« Réjouissez-vous donc, singes ! je verrai la Vidéhaine : mes pressentiments me le disent et je la vois déjà même avec les yeux de ma pensée. »

À ce plus héroïque des singes, à ce fils du Vent, qui proclamait si haut sa puissance, l’habile Angada répondit en ces belles paroles : « Héros, singe rempli de vigueur, issu de Mâroute et fils de Kéçarin, tu viens d’étouffer dans le sein de tes pareils un chagrin bien cuisant. Les principaux des singes, réunis de concert, ces grands, qui tous aspirent au triomphe de ta mission, adresseront ici des vœux au ciel pour le succès de ton voyage.

« Nous resterons ici tant que va durer ton voyage, notre pied comme enraciné dans le même vestige : en effet, c’est de toi, noble singe, que dépendent les exis-