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ma mission accomplie : ayez, singes, ayez foi tous en moi !

« Veuillez écouter quel est mon courage, quelle est ma force, quel fut mon auguste père, et prêter l’oreille à toute cette aventure de ma mère. Si je vous entretiens de ma race, c’est pour vous inspirer de la confiance en mon héroïque vigueur : ce n’est pas l’envie d’exciter l’admiration, ni l’orgueil, ni le penchant naturel à parler, qui m’ouvre la bouche.

« Il est un limpide tîrtha de la mer occidentale, piscine renommée, où les saints anachorètes viennent se baigner avec recueillement : il est nommé Prabhâsa. Là, vivait un éléphant des plages célestes, appelé Dhavala : intrépide, méchant, doué d’une force épouvantable, il donnait sans pitié la mort à tous les solitaires. Ce monstre fondit un jour sur le saint anachorète Bharadwâdja, vénéré de tous les rishis et qui s’en allait dévotement se baigner dans les eaux du tîrtha.

« Mon père, tel que la cime d’une montagne, se fit à la hâte une forme d’une affreuse épouvante et s’élança tout à coup sur l’impétueux pachyderme. Le terrible monarque des singes aussitôt de lui déchirer avec acharnement les yeux de ses dents et de ses ongles aux pointes finement acérées. Puis, fondant sur lui d’un bond rapide, mon père lui arracha de la bouche, quoi qu’il fît, ses deux longues défenses, et, lui en assénant deux coups rapides, le tua avec ses propres armes. Le monstrueux éléphant tomba sans vie sur la montagne, comme une autre montagne qui s’écroule.

« Quand il vit tué ce terrible animal, l’anachorète prit mon père avec lui et s’en fut annoncer aux solitaires que le monstre n’était plus : « Cet éléphant, dont la rage dé-