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ailes brûlées ? je vais t’en exposer la cause : grand saint, daigne écouter.

« Djatâyou et moi, jadis tombés sous le pouvoir de la mort, nous fîmes une gageure, en face des anachorètes, sur la cime du Vindhya, et nous mîmes pour enjeu le royaume des vautours. L’objet du pari, nous sommes-nous dit, c’est de suivre le soleil depuis l’orient jusqu’à l’occident ! À ces mots, de nous lancer dans les routes du vent, et voici que les différentes surfaces de la terre se déroulent sous nos yeux.

« Suivant le chemin du soleil, nous allions une extrême vitesse, regardant le spectacle qui s’étalait en bas. La terre, je me rappelle, ornée d’un jeune et frais gazon, semblait alors un champ de lotus par ses montagnes, plantées sur toute la surface.

« Les fleuves apparaissaient à nos yeux comme des sillons tracés par la charrue.

« Enfin, une violente fatigue, une chaleur dévorante, la plus extrême langueur, une fièvre délirante pèsent à la fois sur nous et la crainte agite nos cœurs.

« En effet, on ne distinguait plus aucun des points cardinaux : tout n’était qu’un foyer rempli par les flammes du soleil, comme si le feu consumait l’univers dans l’époque fatale où se termine un youga. Le soleil, tout rouge, n’est plus qu’une masse de feu au milieu du ciel, et l’on discerne avec peine son vaste corps dans l’incendie général. L’astre du jour, que j’observais dans le ciel avec de grands efforts, me parut d’une ampleur égale à celle de la terre.

« Mais soudain voici que Djatâyou, ne s’inquiétant plus de me disputer la victoire, se laisse tomber, la face tournée vers la terre ; et moi, à la vue de sa chute, je