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comptés au delà, singes, vous apercevrez au sud le rivage de cette île.

« D’ici, où je me tiens, mes yeux voient Râvana et sa captive ; car la puissance de notre vision est grande, céleste et, pour ainsi dire, supérieure à celle de Garouda lui-même. Notre faculté visuelle et le besoin d’aliments nous font distinguer un cadavre à la distance de cent yodjanas complets. Mais la nature, en nous gratifiant d’une vue pour saisir des objets très-éloignés, nous condamne à une manière de vivre semblable à celle de la poule, mangeant ce qu’elle trouve à la racine de ses pieds. Avisez donc à quelques moyens de traverser la mer salée ; car, une fois vue de vos yeux la Mithilienne, vous aurez accompli tout l’objet de votre mission. Je désire maintenant que vos grandeurs me conduisent vers l’humide empire de Varouna ; je veux offrir l’eau funèbre aux mânes de mon frère, ce magnanime oiseau, qui s’en est allé dans les demeures célestes. »

À ces mots, les singes mènent Sampâti dans une place unie sur le rivage, et soutiennent le volatile aux ailes brûlées pour descendre dans la mer, souveraine des rivières et des fleuves ; puis, la cérémonie de l’eau terminée, le ramènent au mont Vindhya, et, l’ayant aidé à remonter sur le sommet, ils goûtent en eux-mêmes la joie de posséder ces renseignements sur l’épouse de Râma. En ce moment, le vautour, auquel était revenu la sérénité, Sampâti, voyant assis à ses pieds Angada, qu’environnaient les singes, reprit avec joie la parole en ces termes : « Gardez le silence, nobles singes ; écoutez avec attention ; je vais dire en toute vérité comment je connais la Mithilienne.