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de qui l’esprit distinguait nettement la vraie nature des choses : « Des nouvelles te furent données par ma bouche sur Djatâyou, ton bien-aimé frère. Parle-moi, si tu en sais quelque chose, de ce cruel Démon à courte vue, de ce Râvana, le plus vil des Rakshasas : est-il près ou loin d’ici ? »

Ensuite le souverain des vautours, Sampâti à la grande splendeur tint ce langage digne de lui-même et qui répandit la joie parmi les singes : « Mes ailes sont brûlées, je suis vieux, ma vigueur s’est évanouie ; néanmoins, je vais rendre, singes, un service éminent à Râma de ma voix seulement.

« J’ai vu une femme jeune, douée admirablement de beauté et parée de tous les atours, que Râvana, le Démon à l’âme cruelle emportait dans les airs. « Râma ! Râma ! » criait-elle d’une voix lamentable : « À moi, Lakshmana ! » disait-elle aussi, agitant ses beaux membres et jetant de tous les côtés ses parures. Sa magnifique robe de soie imitait l’éclat du soleil sur la cime de la montagne et brillait à l’entour du noir Démon, comme l’éclair sur un grand nuage. C’était Sîtâ, je le crois, à ce nom de Râma, qu’elle semait dans les airs : écoutez encore ! je vous dirai en quels lieux est l’habitation de ce Rakshasa.

« Le fils de Viçravas, le frère du célèbre Kouvéra, le monarque des Rakshasas, Râvana enfin habite dans la ville de Lankâ. Loin d’ici, à cent yodjanas entiers dans la mer, il est une île, au sein de laquelle s’élève la charmante cité de Lankâ, bâtie par Viçvakarma. C’est là qu’habite, enfermée dans le gynæcée de Râvana et surveillée d’un œil attentif par des femmes Rakshasîs, l’infortunée Vidéhaine aux vêtements de soie.

« Arrivés au bord, où finit la mer, à cent yodjanas bien