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comme nous avons transgressé la condition qui nous fut imposée, la crainte du châtiment nous fait embrasser ici la résolution d’un jeûne poussé jusqu’à la mort ! Ainsi, fais de nos corps un festin, suivant ton désir. »

À ces lamentables paroles des singes, qui renonçaient à la vie, le vautour à la grande intelligence répondit avec des larmes : « Ce Djatâyou, qui, dites-vous, a trouvé la mort dans un combat sous les coups du cruel Râvana, il était, singes, il était mon frère puîné ! Ma condition languissante de vieillard me force d’entendre l’injure et de la supporter, car je n’ai plus maintenant assez de force pour venger la mort de mon frère.

« Jadis (c’était à l’époque où le démon Vritra fut tué), Djatâyou et moi, tous deux jeunes, vigoureux, avides de triompher, nous nous défiâmes hardiment à voler dans le ciel.

« Aussitôt, l’un devancé par l’autre, nous courons vers l’orient où le soleil se levait, allumé, flamboyant, avec une couronne de rayons, éblouissant de lumière comme un globe de flammes. Djatâyou et moi, nous volions avec une extrême vitesse ; mais, quand le soleil fut arrivé à son midi, Djatâyou défaillit sous le poids de la chaleur. Alors moi, à la vue de mon frère consumé par les rayons de l’astre flamboyant, je me sentis ému au plus haut point dans mon amour fraternel, et je fis à Djatâyou un abri avec mes ailes. Mais le soleil me les brûla, et je tombai, vaincu moi-même, sur le haut de cette montagne : depuis lors, confiné dans le Vindhya, aucune nouvelle de mon frère n’avait pu venir jusqu’à moi ; et maintenant qu’un temps bien long s’est écoulé, ce sont de telles nouvelles qu’on nous apporte de lui ! »

Le singe héritier du trône, Angada répondit à l’oiseau,