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« Ainsi, daigne nous protéger dans la crainte que nous inspire ce roi si terrible, et veuille bien nous tirer de cette caverne impraticable. »

À tous les singes qui parlaient ainsi, la pénitente qui aimait à faire du bien à toutes les créatures répondit au comble de la joie, avec la volonté de les conduire hors de ces vastes souterrains :

« Il n’est pas facile, à mon avis, d’en sortir vivant à celui que son malheur fit entrer dans cet antre, dont le tonnerre d’Indra même a déchiré le sein par un déchaînement impétueux de sa colère. Néanmoins, grâce à la puissance que je possède en vertu de ma pénitence, grâce aux mérites conquis par mes constantes macérations, vous sortirez tous, singes, de cet obscur labyrinthe. Mais fermez tous, nobles simiens, fermez bien vos yeux, car il est impossible d’en sortir à qui tient ses yeux ouverts. »

Alors tous les singes à la fois, impatients de quitter cette caverne, se couvrent les yeux avec les paumes très-délicates de leurs mains ; et, dans l’intervalle d’un clin d’œil seulement, la pénitente mit à la porte des souterrains ces magnanimes quadrumanes, le visage caché entre leurs mains.

Quand elle eut délivré les singes, elle se mit à les consoler et leur tint ce langage : « Ici est le fortuné mont Vindhya, rempli de grottes et de cascades ; là, est le mont Prasravana ; à côté, c’est la mer. La félicité vous conduise, nobles singes ! Moi, je m’en retourne dans mon palais ! » À ces mots, la sainte rentra dans l’épouvantable caverne, elle qui pouvait franchir les distances dans l’espace d’un clin d’œil, par la vertu de sa pénitence et de son unification en Dieu.