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sentir naître son émotion, se couvrit aussitôt la face de son vêtement et fit un effort pour contenir ses larmes et rester impassible dans sa fermeté.

Enfin Sîtâ à la taille charmante, ayant remarqué cette grande révolution qui s’était opérée dans son époux, rejeta sa timidité et se mit en face de lui. L’auguste Vidéhaine secoua son chagrin, elle s’arma de courage, elle refoula ses larmes en elle-même par sa force d’âme et la pureté de sa conscience. On la vit arrêter sur le visage de son époux un regard où plus d’un sentiment se peignit : c’étaient l’étonnement, la joie, l’amour, la colère et même la douleur.

Ballotté sur le doute, Râma, quand il vit ainsi la reine, se mit à lui exposer l’état secret de son cœur : « Je t’ai conquise des mains de l’ennemi par la voie des armes, noble Dame : reste donc à faire bravement ce que demandent les circonstances. J’ai assouvi ma colère, j’ai lavé mon offense, j’ai retranché du même coup mon déshonneur et mon ennemi. Aujourd’hui, j’ai fait éclater mon courage ; aujourd’hui, ma peine a rendu son fruit ; j’ai accompli ma promesse : je dois être ici égal à moi-même.

« Pour ce qui est de ton rapt en mon absence par un Démon travesti sous une forme empruntée, c’est le Destin qui est l’auteur de cette faute ; la fraude s’est faite ici l’égale du courage. Mais qu’aurait-il de commun avec une grande valeur, cet homme à l’âme petite, qui n’essuierait pas avec énergie la honte qui a rejailli sur lui ?

« Aujourd’hui même la traversée de la mer et le ravage de Lankâ, tout ce grand exploit d’Hanoûmat a porté son fruit heureux. La fatigue des armées et celle de Sougrîva, qui déploya tant de courage dans les combats