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grande mer une chaussée longue de cent yodjanas ! »

Au milieu de ces paroles, qu’il entendait répéter de tous les côtés, Vibhîshana mit la riche litière en tête et s’avança vers Râma lui-même. Il s’approcha du magnanime, plongé dans ses réflexions, tout victorieux qu’il fût, et lui dit joyeux en s’inclinant : « Je l’ai amenée ! »

À peine eut-il appris qu’elle était venue, celle qui avait longtemps habité dans la maison d’un Rakshasa, trois sentiments d’assaillir à la fois Râma, la joie, la colère et la tristesse. Il fit aller ses yeux de côté et se mit à réfléchir avec incertitude ; ensuite il dit à Vibhîshana ces paroles opportunes :

« Monarque des Rakshasas, mon ami, toi qui toujours t’es complu dans mes victoires, que la Vidéhaine paraisse au plus tôt en ma présence. » À ces mots du Raghouide, Vibhîshana fit alors en grande hâte repousser le monde de tous les côtés. Aussitôt des serviteurs, coiffés de turbans faits en peau de serpent, le djhardjhara et le bambou dans la main, parcourent d’un pied hâté la multitude, refoulant de toutes parts les assistants.

Quand Râma vit de tous côtés ces foules se rejeter en arrière, pleines de terreur et de hâte, il arrêta ce mouvement par un sentiment de politesse et d’amour. Irrité et brûlant de ses yeux, pour ainsi dire, le Démon à la grande science, Râma de jeter ces mots sur le ton du reproche à Vibhîshana : « Pourquoi, sans égard pour moi, vexes-tu ces gens ? Ne leur fais pas de violence, car je regarde chacun d’eux comme s’il était de ma famille. »

Attentive aux paroles de son époux, Sîtâ, se voyant négligée, en conçut une secrète colère difficile à tenir sous le voile. Ensuite la Djanakide, ayant regardé son