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sur le monarque aux dix têtes, son mari, tombé sous les coups de Râma aux prodigieux exploits, Mandaudarî se mit alors à gémir d’une manière touchante : « N’est-il pas vrai, héros aux bras puissants, frère puîné de Kouvéra, n’est-il pas vrai qu’Indra n’eût pas été capable de tenir pied en face de ta colère sur un champ de bataille ? Terrifiés à ta vue, les Rishis, les Gandharvas renommés, les Tchâranas, les Yakshas et les Dieux s’enfuyaient à tous les points de l’espace. Tu dors, abattu dans le combat sous la main de Râma, qui n’est qu’un homme ! N’en rougis-tu pas, monarque des Rakshasas ?

« Je refuse ma foi à cette action de Râma, toute faite qu’elle soit à la face des armées : non ! ce n’a pas été sa main d’homme qui t’a broyé, toi, gonflé de force partout. Je croirais plutôt que c’est Vishnou, qui vint en personne pour ta mort sous les formes de Râma et qui entra dans son corps à notre insu, grâce aux artifices de la magie.

« Alors que Khara, ton frère, dans le Djanasthâna, fut tué avec les Rakshasas nombreux qui l’environnaient, son meurtrier déjà n’était pas un homme. Alors que, dans la forêt, Bâli, cent fois supérieur à toi pour la force, fut tué par ce Râma dans la guerre, son meurtrier déjà n’était pas un homme. Alors qu’une épouvantable chaussée fut jetée par les singes dans la grande mer, je soupçonnais déjà dans mon cœur que Râma n’était pas un homme.

« Que la paix soit faite avec le Raghouide ! » te disais-je ; mais tu n’accueillis pas mes paroles, et de là vient son triomphe en ce jour. Tu t’es follement épris de Sîtâ, monarque des Rakshasas, pour la perte de ton empire, de ta personne et de moi-même. Il y a des femmes qui lui sont égales, il y a des femmes qui lui sont même su-