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même chancela. Irrité, il imprime une forte courbure à son arc, et, bouillant de courroux, lance à Râvana cette flèche qui détruit les articulations. Accompagnée du plus efficace des astras et décochée par cet arc magnanime de Çakra, la flèche partit avec la mission de tuer l’ennemi.

Aussi impossible d’être arrêté dans son vol que la mort elle-même, le trait s’abattit sur le Démon et brisa le cœur de ce Râvana à l’âme cruelle. Il mit fin rapidement à son existence, il ravit le souffle à Râvana, et, quand il eut traversé le tyran, il revint, aussitôt son œuvre accomplie, et rentra de lui-même dans son carquois.

Soudain l’arc avec son trait échappe à la main du monarque et tombe avec le souffle exhalé de sa vie. Sa splendeur éteinte, sa fougue anéantie, son âme expirée, il croula de son char sur la terre, comme Vritra sous un coup de la foudre.

Tremblants d’épouvante à la vue de leur maître tombé sur la terre, les noctivagues sans défenseur, faible reste des Rakshasas tués, s’enfuient çà et là de tous les côtés. Privés du roi, sous le bras duquel était leur asile et maltraités par les simiens triomphants, ils courent, chassés par la terreur, à Lankâ, leurs visages ruisselants de larmes pitoyables. Ensuite, les singes victorieux poussent des cris joyeux, proclamant la victoire de Râma et la mort de Râvana.

Au moment où fut tué ce Rakshasa, l’ennemi du monde, le tambour des Dieux résonna bruyamment au milieu des airs. Un immense cri s’éleva au sein même du ciel : « Victoire ! » Et le vent, chargé de parfums célestes, souffla de sa plus caressante haleine. Une pluie de fleurs tomba du firmament sur la terre, et le char de Râma fut tout inondé de ces fleurs divines aux suaves odeurs.