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combat, ni un jour, ni une nuit, ni une heure, ni une seule minute.

Enfin, Mâtali rappela au Raghouide ce qu’il paraissait avoir oublié : « Pourquoi suis-tu cette marche, héros, comme si tu ne savais pas ce qu’est ton adversaire ?

« Décoche-lui pour la mort, seigneur, le trait de Brahma : en effet c’est Brahma lui-même qui sera ainsi l’auteur de sa mort. Il ne te faut pas, Raghouide, lui couper les membres supérieurs ; car la mort ne peut lui être donnée par la tête : la mort, seigneur, n’a entrée chez lui que par les autres membres. » Râma, au souvenir de qui les choses étaient rappelées par ces mots de Mâtali, prit alors un dard enflammé, soufflant comme un serpent.

Brahma à la splendeur infinie l’avait fabriqué jadis pour Indra et l’avait donné au roi des Dieux qui désirait la victoire sur les trois mondes. Cette flèche avait dans sa partie empennée le vent ; à sa pointe le feu et le soleil ; dans sa pesanteur, le Mérou et le Mandara, bien que son corps fût composé d’air. Brahma fit asseoir dans ses nœuds les Divinités qui portent la terreur, Kouvéra, Varouna, le Dieu qui tient la foudre, et la Mort un lasso dans sa main. Les membres souillés du sang ravi à une foule d’êtres, arrosée de moelle, affreuse, épouvantable, la terreur de tout, avide de lécher comme un serpent et donnant toujours dans le combat une abondante pâture aux grues, aux vautours, aux corbeaux, aux Rakshasas, aux chacals, aux quadrupèdes carnassiers, elle avait les formes de la mort et portait la terreur avec elle.

Dans le moment qu’il ajustait à son arc ce trait excellent, la peur fit trembler tous les êtres et la terre elle-