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feu qui s’allume au souffle de la colère, et, incapable de modérer sa fureur, il fit pleuvoir une averse de flèches.

Debout sur les chars, ils s’abordèrent, le timon de l’un affronté au timon de l’autre, les étendards aux étendards et les coursiers tête contre tête.

Aussitôt, encochant à son arc une flèche semblable à un serpent, Râma, versé dans la science des astras les plus grands, abattit du corps une des têtes de Râvana. Les trois mondes virent donc alors gisante sur la terre cette grande tête coupée. Mais, sur les épaules de Râvana, tout à coup s’éleva une autre pareille tête, que le magnanime Raghouide à la main prompte abattit également. On vit décollée encore la seconde tête de Râvana ; mais, à peine eut-il coupé cette horrible tête, que Râma en vit une nouvelle naître à sa place. On la voit tomber, comme les autres, sous les traits de Râma, semblables à la foudre ; mais autant il en coupe dans sa colère, autant il en renaît sur les épaules de Râvana. Ainsi, dans ce combat, il était impossible à Râma d’obtenir la mort du cruel Démon. Enfin il trancha l’une après l’autre une centaine de têtes égales en splendeur ; mais on n’en vit pas davantage se briser la vie du monarque des Rakshasas.

À son tour, du char où il tenait, le monarque irrité des Rakshasas fatiguait Râma dans cette bataille avec une averse de traits en fer.

La scène de ce grand, de ce tumultueux, de cet épouvantable combat fut, tantôt le ciel, tantôt la terre, ou même encore le sommet de la montagne. Il dura sept jours entiers, ce grand duel, qui eut pour témoins les Rakshasas, les Ouragas, les Piçâtchas, les Yakshas, les Dânavas et les Dieux. Le repos ne suspendit alors ce