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qui annonçaient la défaite de Râvana et le triomphe de Râma.

Lankâ parut comme incendiée jour et nuit d’une aurore et d’un crépuscule, qui ressemblaient aux fleurs du rosier de la Chine. Il s’éleva de grands météores ignés avec des trombes de vent furieuses et un épouvantable bruit : Râvana en trembla et la terre en fut ébranlée.

De toutes parts tombèrent d’un ciel sans nuages sur l’armée de Râvana les foudres épouvantables d’Indra avec un bruit que l’oreille ne pouvait supporter. Ses coursiers mêmes, transpirant des étincelles de leurs membres et versant des pleurs en larges gouttes de leurs yeux, rendaient à la fois et de l’eau et du feu.

« Il faut vaincre ! » se disait le Kakoutsthide ; « Il faut mourir ! » se disait Râvana. Tous deux ils firent voir dans cette bataille la suprême essence du courage.

Enfin le vigoureux monarque aux dix têtes encoche à son arc des flèches, et, visant le drapeau arboré sur le char du Raghouide, il envoie ses dards avec colère. Mais, sans toucher le drapeau flottant sur le char de Pourandara, les flèches viennent frapper la pique en fer debout sur le véhicule et tombent amorties sur le sol de la terre.

Alors, bouillant de courroux, le fort Râma bande son arc et songe à rendre, coup pour coup, la pareille à son ennemi. Il vise le drapeau de Râvana et lui décoche un trait, flamboyant de sa propre splendeur, irrésistible et tel qu’un grand serpent.

Cette flèche, après qu’elle eut tranché l’étendard, s’abattit sur la terre, et le drapeau coupé du monarque tomba du char sur la plaine.

À la vue de son étendard abattu, le décacéphale aux vastes forces fut comme embrasé dans le combat par le