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dile[1], happe le singe. Tout saisi qu’il était par elle, Hanoûmat, le singe à la vigueur immense, tira le monstre hors des ondes rapidement, et, levant la Grâhî dans ses bras, il se mit à la déchirer avec ses ongles.

Alors, se pâmant au milieu de l’air, voici que le crocodile tint ce langage : « Écoute, tigre des singes, Hanoûmat, fils du Vent. Sache que je suis une Apsara, nommée Gandhakâlî. Un jour que, montée dans un char couleur du soleil, resplendissant d’or épuré, je m’en allais par l’air au palais de Kouvéra, je ne vis pas, tant ma course était rapide, un saint ermite occupé à mortifier sa chair. Cet anachorète à l’éminente splendeur avait nom Yaksha. Mon char dans ce moment, noble singe, heurta le pénitent, ceint des armes de la malédiction. Alors, de son nimbe radieux, le solitaire aux violentes macérations me jeta ces mots :

« Il est dans la plage du septentrion une montagne qui se nomme le Gandhamâdana. Près d’elle, à son côté méridional, est un grand lac : tu vivras dans ses ondes sous la forme d’un crocodile, ravisseur de tout ce qui a vie. » « Aussitôt je tombai, foudroyée par cette malédiction, sur le sol de la terre. » Et l’anachorète, se laissant fléchir à mes prières, conclut ainsi l’anathème : « Mais au temps où le héros Hanoûmat viendra au mont Gandhamâdana, tu obtiendras, n’en doute pas, la délivrance de cette métamorphose. »

« Mon histoire t’est connue maintenant, quadrumane sans péché ; je te l’ai racontée entièrement : c’est à toi,

  1. On nous excusera de prêter un féminin à ce mot qui n’en a point dans notre langue : c’est encore là une nécessité de cette traduction.