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un combat épouvantable. Va ! que ta route soit heureuse ! Fais une bonne traversée ! »

Le fils du Vent les salua, ses mains en coupe, et se mit en chemin. Le héros Hanoûmat, qui voyageait par la cinquième voie[1], passa donc intrépidement au-dessus de Lankâ.

Mais Râvana, car il aperçut le Mâroutide en sa course aérienne, tint alors ce langage à Kâlanémi, insurmontable Démon, le plus difficile à vaincre de tous les Rakshasas, monstre aux quatre faces, aux quatre bras, aux huit yeux, et de qui la seule vue inspirait la terreur : « Écoute ici mes paroles, noctivague éloquent ! Le héros Hanoûmat, que tu vois là-haut, va au Gandhamâdana, où croît le simple fortuné qui extrait les flèches et guérit les blessures. Si tu réussis à l’arrêter, je te donne la moitié de mon royaume. »

Kâlanémi se hâte vers le mont Gandhamâdana. Parvenu là, ce noctivague à la grande force bâtit dans un clin d’œil par la vertu de sa magie un délicieux ermitage, où ne manquaient ni les offrandes au feu, ni les sacrés tisons allumés, ni les habits d’anachorète faits d’écorce. Il se trouve au même instant revêtu avec le costume des ermites, les cheveux renoués dans une gerbe sainte, les ongles et la barbe longs, le ventre amaigri par le jeûne, un chapelet à sa main et des prières sur ses lèvres murmurantes. Quand il se fut donné ces traits sous les apparences d’une forme qui n’était pas la sienne, il se tint là, attendant l’arrivée du singe.

Pendant ce temps, le sage Hanoûmat s’avançait d’une

  1. L’éther : les quatre autres sont la terre, l’eau, le feu, l’atmosphère.