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l’affaire. À cette nouvelle que son héroïque frère avait terrassé Indradjit, le Raghouide à la grande vigueur en conçut une joie sans égale.

Puis, voyant avec douleur que des flèches avaient blessé cruellement son frère, le Raghouide alors fut près de s’évanouir, partagé qu’il était entre la joie et le chagrin. Il baisa sur la tête ce héros, donné pour l’accroissement de sa fortune et fit asseoir Lakshmana malgré lui et rougissant au milieu de sa cuisse. Après qu’il eut posé dans son sein le Soumitride avec amour, le Raghouide l’embrassa : il tourna mainte et mainte fois ses regards vers ce frère bien-aimé, le baisa au front une seconde fois, toucha doucement ses blessures et dit :

« Cet exploit difficile, que tu viens d’accomplir, est heureux au plus haut degré. Tu as coupé dans ce combat, ô bonheur ! le bras droit lui-même de ce criminel Râvana ! En effet, héros, cet Indradjit était son dernier asile ! Sur la nouvelle que son fils a mordu la poussière, Râvana, de qui tu as tué ce fidèle ami, sortira donc aujourd’hui avec une nombreuse foule de troupes ! »

Ensuite, ayant ranimé son frère et l’ayant serré dans ses bras étroitement, Râma, s’adressant à Soushéna, debout à son côté, lui parla en ces termes : « Tu vois percé de flèches ce fils de Soumitrâ, la joie de ses amis : veuille donc bien procurer, singe à la grande science, un remède qui le rende à la santé. »

À ces mots, Soushéna, le roi des singes, mit sous les narines de Lakshmana le simple fortuné, sublime, né sur l’Himâlaya et nommé l’Extracteur-des-flèches. À peine celui-ci en eut-il respiré le parfum, que tous ses dards glissèrent du corps au même instant. Ses douleurs s’éteignirent et ses plaies furent cicatrisées.