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Ce trait encoché au meilleur des arcs, Lakshmana, le protégé de Lakshmî, prononça en tirant la corde, ces mots utiles pour le succès de lui-même : « Aussi sûr que Râma le Daçarathide est une âme vertueuse, un cœur attaché à la vérité, un guerrier qui n’a point son égal pour le courage dans un combat singulier, tue ce Rakshasa ! Aussi sûr qu’il fut dévoué à son père, qu’il est une grâce accordée aux Dieux, que c’est un jeu pour lui de lutter contre une multitude de héros, qu’il aime tous les êtres et compatit à leurs peines, tue ce Rakshasa ! »

Ces mots dits, l’héroïque Lakshmana tire jusqu’à son oreille et décoche au vaillant Démon sa flèche, qui va toujours droit au but. Elle fait tomber violemment du corps d’Indradjit sur le sol de la terre sa tête épouvantable, armée de son casque et parée de ses pendeloques flamboyantes.

Alors ce Démon tué, tous les singes et Vibhîshana avec eux poussent des cris simultanés de joie : tels acclamèrent les Dieux à la mort de Vritra. Dans ce moment éclate au sein des airs un battement de mains, applaudissement des Bhoûtas, des magnanimes Rishis, des Gandharvas et des Apsaras elles-mêmes.

À peine eut-elle appris sa mort, la grande armée des Rakshasas, maltraitée par les singes victorieux, se dispersa dans tous les points de l’espace. Après qu’ils ont envoyé une volée de traits, les Rakshasas tournent la face vers Lankâ, et, battus par les simiens, ils fuient, poussant des cris et la tête perdue. Malmenés par les singes, les uns entrent dans Lankâ tout tremblants, ceux-là se jettent dans la mer, ceux-ci gravissent les montagnes.

Aussitôt que le fils du monarque des Rakshasas fut tombé, le souffle impétueux du vent se calma ; le monde