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épouvantable, sortant d’une bouche aussi grande que la bouche même de l’enfer.

Alors, se plaçant à l’entour et se tenant l’un à l’autre fortement, ils s’approchent du géant, dont la vue semblait une montagne de noir collyre ; puis, ces guerriers intrépides entassent devant lui un amas d’aliments haut comme le Mérou et capable de rassasier sa faim complétement. Ils firent là des tas de gazelles, de buffles et de sangliers ; ils amoncelèrent une prodigieuse montagne de nourriture. Ensuite, ces ennemis des Dieux mirent devant Koumbhakarna des urnes de sang et différentes liqueurs spiritueuses. Ils oignirent d’un sandal précieux à l’odeur céleste, ils couvrirent le géant de riches habits, de guirlandes et de parfums aux senteurs les plus exquises. Enfin, ils répandent les émanations embaumées du plus suave encens autour de lui, ils entonnent des hymnes en l’honneur de Koumbhakarna, ils se mettent à réveiller de son lourd sommeil ce héros, immolateur des ennemis. Tels que des nuages orageux, les Yâtoudhânas font du bruit çà et là, ils secouent ses membres, et poussent des cris en même temps qu’ils frappent sur lui. Ils se fatiguent, mais ils ne peuvent le réveiller. Enfin ils tentent, pour le tirer du sommeil, un plus grand effort. Ils remplirent de leur souffle des trompettes reluisantes comme la lune, et, dans leur vive impatience, ils jetèrent tous à la fois des cris éclatants. Ils se frappaient les mains l’une contre l’autre ou les bras avec leurs mains, ils allaient et venaient de tous les côtés, soulevant pour le réveil de Koumbhakarna un bruit tumultueux. Ils battaient des chameaux, des ânes, des chevaux et des éléphants à grands coups de bâtons, de fouets et d’aiguillons : ils faisaient résonner de toutes leurs forces des tymbales, des conques et des tam-