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dans le ciel et sur la terre, virent gisants les deux frères Daçarathides, que les flèches tenaient là garrottés.

Vibhîshana et tous les singes furent saisis d’une vive douleur à la vue de ces deux héros, tombés sur la terre et couverts d’une grêle de flèches. Parcourant des yeux le firmament et toutes les plages du ciel, les simiens ne virent pas dans tout ce vaste champ de bataille Indradjit, qui se dérobait sous le voile de la magie. Mais Vibhîshana, regardant lui-même dans les airs avec des yeux éclairés de la même science, aperçut le fils de son frère, qui s’y tenait caché grâce aux prestiges de la magie.

Le Râvanide, habile à trouver les articulations dans tous les membres, se mit à fatiguer de ses épouvantables flèches, présent d'Agni, tous les chefs des quadrumanes, et, les enchaînant avec la magie de ses dards, il faisait tomber ces héros fascinés sur la face de la terre. Quand il eut semé les blessures et la terreur au milieu des singes par les torrents de ses flèches, il éclata d’un rire bruyant et dit ces paroles : « Ces deux frères, compagnons de fortune, je les ai garrottés à la face même de l’armée avec cet affreux lien d’une flèche : voyez, Rakshasas ! » À ces mots, charmés de cet exploit, tous les noctivagues, accoutumés à combattre avec l’arme de la fraude, sont ravis dans la plus haute admiration. Tous alors de crier à grand bruit, comme les nuées tonnantes ; et tous, à cette nouvelle : « Râma est tué ! » d’honorer à l’envi ce vaillant Râvanide.

Ensuite l’indomptable Indradjit, victorieux dans cette bataille, entra d’un pied hâté dans la ville de Lankâ, rapportant la joie à tous les Naîrritas.

Là, il s’approcha de Râvana, il s’inclina devant son père, les mains jointes, et lui annonça l’agréable nouvelle