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avec ses ministres. Quand elle eut découvert les résolutions du cruel monarque, elle revint avec la même vitesse au charmant bocage d’açokas. Entrée là, elle vit Sîtâ qui l’attendait, Sîtâ, belle comme Lakshmî sans lotus à la main.

« Écoute, Mithilienne, ce qu’a résolu ton ravisseur. Aujourd’hui sa mère elle-même a supplié, Vidéhaine, le monarque des Rakshasas pour ta délivrance ; et le plus vieux de ses ministres lui fit entendre bien longtemps ses représentations :

« Qu’on traite avec les honneurs de l’hospitalité, ont-ils dit, le roi de Koçala, et qu’on lui rende sa Mithilienne. Que ses exploits merveilleux dans le Djanasthâna, sa traversée de la mer, la vue de ce qu’il est comme Dieu sous une forme humaine, et le carnage des Rakshasas nous suffisent pour exemple ! En effet, quel homme aurait pu consommer de tels actes sur la terre ? » Mais en vain ces avertissements lui sont-ils donnés longuement par sa mère et le plus vieux de ses conseillers, il n’a point la force de te rendre la liberté, comme l’avare ne peut se résoudre à lâcher son or. Ton ravisseur, Djanakide, ne pourra jamais prendre sur lui de te renvoyer sans combat. Voilà quelle résolution fut arrêtée par le monarque des Rakshasas dans le conseil de ses ministres ; et cette pensée demeure immuable par le décret même de la mort. Ni Râma lui-même, ni aucun autre ne peut donc briser tes fers sans combat. Mais ne te fais nullement de cette difficulté un pénible souci. Le Raghouide saura bien, Sîtâ, reconquérir son épouse, et, Râvana une fois immolé par ses flèches, ton époux te remmènera dans sa ville, Mithilienne aux yeux noirs. »

Au même instant, il s’éleva dans le camp de Râma un