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haine pour la consoler. Car, pleine de compassion et ferme dans ses vœux, elle s’était prise d’affection pour Sîtâ et lui adressait toujours des paroles aimables. Elle vit donc alors Sîtâ, l’âme pénétrée de chagrin, assise et souillée de poussière, comme une cavale qui s’est roulée dans la poudre.

Quand elle vit sa chère amie dans une telle situation, Saramâ, cherchant à la consoler, lui dit ces mots d’une voix émue par l’amitié : « Djanakide aux grands yeux, ne plonge pas ton âme dans ce trouble. Il est impossible qu’on ait surpris dans le sommeil ce Râma, qui a la science de son âme. La mort ne trouve même aucune prise dans ce tigre des hommes. On ne peut tuer les héros quadrumanes, qui ont pour armes de grands arbres et que Râma défend, comme le roi des Immortels défend les Dieux. Tu es fascinée par une illusion, ouvrage d’un terrible enchanteur. Bannis ton chagrin, Sîtâ ! la félicité va renaître pour toi ! »

Tandis que la bonne Rakshasî parlait de cette manière avec Sîtâ, elle entendit un bruit épouvantable d’armées qui en venaient aux mains ; et, quand elle eut distingué le bruit des tymbales frappées à grands coups de baguette, Saramâ dit ces mots à Sîtâ d’une voix douce :

« Écoute ! la tymbale effrayante, qui fait courir le brave à ses armes et qui fend le cœur du lâche, envoie dans les airs un son profond comme le bruit des nuées orageuses. Voici qu’on met le harnais aux éléphants déjà enivrés pour les combats ; voici qu’on attelle aux chars les coursiers ; on entend çà et là courir les fantassins, qui ont vite endossé la cuirasse, de toutes parts toute la rue royale est encombrée d’armées, comme la mer de grands flots impétueux à la fougue indomptable.

«