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vomit des flammes, déploie tes plus héroïques efforts de manière que tu remportes la victoire et non la défaite. »

Râvana, saisi de colère, éclata en menaces à la fin du récit, et, courroucé, il jeta aux deux héros Çouka et Sârana, ces reproches d’une voix bégayante de fureur : « Tenir un discours si blessant au roi qui dispense et les faveurs et les peines, c’est un langage qui, certes, ne convient pas dans la circonstance à des conseillers qui vivent dans sa dépendance ! Des paroles comme celles que vous avez dites l’un et l’autre siéent à des ennemis déclarés et qui s’avancent pour le combat ; mais dans votre bouche, elles ne sont point à louer.

« Certes ! j’enverrais à la mort ces deux coupables, qui osent vanter les forces de mes ennemis, si leurs anciens services n’inclinaient mon courroux à la clémence : ils iraient voir à l’instant même, envoyés par moi, le Dieu sombre Yama !

« Que ces deux méchants sortent d’ici et s’éloignent vite de ma présence ! je ne veux plus vous avoir sous les yeux, vous de qui les paroles offensent ! »

À ces paroles, les deux ministres Çouka et Sârana, tout confus, de saluer ce monarque aux dix têtes avec le mot d’usage : « Triomphe ! » et de sortir à l’instant.

Il manda le Rakshasa Vidyoudjihva, magicien au grand corps, à l’immense vigueur ; puis il entra dans le bocage où était la Mithilienne. Quand le puissant magicien fut venu, le monarque des Rakshasas lui dit : « Je veux au moyen de ta magie fasciner l’âme de Sîtâ, cette fille du roi Djanaka. Fais-moi donc à l’instant une tête enchantée avec un grand arc et sa flèche : puis, reviens à moi, noctivague, une fois ton œuvre finie. »

« Oui ! » répondit à ces mots le coureur de nuit Vid-