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et veuillent bien en supputer les forces. Observez, et l’armée, et l’ordre suivi des marches, et quels desseins ont les guerriers, et la stature, et la vigueur, et qui sont les plus excellents des quadrumanes. »

« Il sera fait ainsi ! » répondent à cet ordre les démons Çouka et Sârana, qui s’en vont d’un vol rapide où est l’armée des ennemis. Là, revêtus d’une forme simienne, les deux ministres du monarque des Rakshasas entrent, sans avoir été remarqués, sous le déguisement que leur avait prêté la magie, dans l’armée des singes, dont l’imagination n’aurait pu se peindre une idée et dont l’aspect aurait fait dresser le poil d’épouvante.

Çouka et Sârana virent cette grande armée assise ou courant par milliers sur le faîte des montagnes, sur les rives de la mer, dans les cavernes, dans les bois fleuris, le long des cataractes, et se mirent à computer de tous leurs soins. Mais en vain, Sârana et Çouka ne surent pas trouver le nombre de cette armée simienne, invincible, sans fin, indestructible.

Vibhîshana reconnut sous leur déguisement ces deux magnanimes pour des espions venus de Lankâ. Ce héros à la grande vigueur les fit saisir par des singes aux forces épouvantables et dénonça les deux compagnons à Râma : « Sache que ces deux faux singes, lui dit-il, sont des espions qui nous viennent de Lankâ ! »

Alors, pleins de trouble et désespérant de leur vie à l’aspect de Râma, ceux-ci de joindre en coupe leurs mains suppliantes et de lui adresser tout frissonnants les paroles suivantes : « Nous sommes venus dans ton camp, héros, les délices de Raghou, parce que Râvana nous envoya tous deux, observer ici toute cette armée sous tes ordres. »