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mon domaine. Râma, voici un singe appelé Nala : c’est le fils de Viçvakarma, qui l’a doué de ses dons ; Nala, qui trouve son plus grand plaisir à procurer ton bien même. Que ce fortuné singe, capable de grands travaux, soit préposé à la construction du môle et qu’il fasse, ô le meilleur des hommes, une jetée dans mes eaux ! Je consens à la supporter, vu l’importance de l’affaire qui amène ici ta majesté ; j’empêcherai les monstres marins de rôder au milieu de ces travaux, et Mâroute lui-même retiendra son souffle. Enfin, je rendrai mes flots immobiles, à ton ordre comme à celui de Nala. »

Quand il vit la mer tenir ce langage, Nala répondit au fils de Raghou : « Je mettrai en œuvre cette capacité, insigne faveur de mon père, et j’élèverai une vaste chaussée dans l’habitation des monstres marins : la reine des eaux a dit la vérité. »

La mer, aussitôt qu’elle eut ouï ce langage de Nala, prit congé de Râma et rentra dans son domaine.

À l’ordre de Sougrîva, les singes de s’élancer pleins d’empressement vers le bois par centaines de mille. Là, se chargeant d’açvakarnas, de shorées, de bambous et de roseaux, de koraïyas, de pentaptères arjounas, de nauclées, de tilâs, de mulsaris, de bakapoushpas et d’autres arbres ; apportant même des cimes de montagne, les singes par centaines de mille en construisent une chaussée dans les eaux de la mer. Les uns, d’une force immense, arrachaient à l’envi des crêtes de montagnes ou des roches luisantes d’or, et venaient déposer leur faix dans la main de Nala.

Des singes pareils à des éléphants élevaient ce môle de la mer avec des monts aussi gros qu’une ville et des arbres encore tout parés de fleurs.