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capable, singes, de me nuire en la moindre chose ?

« On raconte que jadis une colombe accueillit avec politesse un vautour, son ennemi, qui était venu lui demander assistance, et lui offrit sa chair même en festin. Si une colombe, un simple volatile, donna l’hospitalité au meurtrier de son épouse, à plus forte raison dois-je accueillir ce Vibhîshana, ce frère de Râvana, il est vrai, mais appliqué à suivre le devoir et qui, malheureux, vient se réfugier vers moi, accompagné de ces démons !

« Je promets d’assurer la sécurité de tous les êtres, ai-je dit quand je prononçai mes vœux, et d’épargner dans le combat ceux qui diront, implorant ma pitié : « Je me rends à toi ! »

« Conduis vers moi Vibhîshana, ô le meilleur des singes ; je lui donne toute assurance : autrement, Sougrîva, ne serais-je pas un Râvana moi-même pour Vibhîshana ? »

Quand Râma eut accordé le sauf-conduit, ce frère puîné de Râvana fut invité par le roi des singes et descendit aussitôt du ciel avec ses compagnons. Le monarque intelligent des quadrumanes s’approcha de Vibhîshana, l’étreignit dans ses bras, lui fit ses compliments et lui montra le héros né de Raghou. Descendu à peine du ciel à terre avec ses fidèles suivants, le Rakshasa joyeux attache toutes ses armes aux premiers des arbres qui se trouvent devant lui. Imité par ses compagnons eux-mêmes, le vertueux Démon changea sa forme en une autre plus avenante et se prosterna aux genoux de Râma.

Celui-ci, dont il cherchait à toucher les pieds, le fit relever, l’embrassa et lui dit cette douce parole : « Ta grandeur est mon amie ? » À ce langage poli, Vibhîshana répondit en ces termes non moins polis, mariés au devoir