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au bras exterminateur de ses ennemis ! Pour sauver ta capitale avec ses Rakshasas et ta vie, jetée dans un péril extrême, suis la parole salutaire et vraie de tes amis : rends sa Mithilienne au Daçarathide ! Arrache à la mort, et cette ville opulente avec les Rakshasas, et ton splendide gynæcée, Râvana, et tes serviteurs, et ton palais : rends sa Mithilienne au Daçarathide !

« Renonce à la colère, par laquelle on détruit sa gloire et sa race ; cultive la vertu, qui ajoute un nouveau lustre à la beauté de la gloire : prête une oreille favorable à ma voix ; fais que nous puissions vivre, nous, nos parents, nos fils, et rends sa Mithilienne au Daçarathide ! »

À ce langage de Vibhîshana, discours salutaire et dont le devoir même avait inspiré la substance, l’intelligent Râvana se mit à délibérer avec ses ministres. Habile à manier la parole, ce monarque éloquent, superbe, entouré de superbes compagnons, parla en ces termes pleins de justesse : « On appelle sage l’homme qui, d’abord, ayant bien examiné sa force, celle des ennemis, les circonstances des temps et des lieux, ne commence une affaire qu’après cet examen.

« Vous n’avez point à délibérer ni à raisonner ici sur le Destin, qui est une chose éternelle. Mais, comme l’inattention ou la vigilance portent des fruits, que tous les êtres animés doivent recueillir dans le monde, il n’est aucune chose humaine dont il ne faille s’occuper ici.

« Quant à ce Destin, bien différent de la puissance humaine, n’y songez pas ! Les esprits sensés n’observent que le chemin par où les malheurs peuvent arriver naturellement : ils savent que le sort est le maître de tout et les atteint comme il veut !

« En effet, comment eût-il été possible qu’un être,