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ceux-là dans leur chute font choir les autres. « Certes ! il faut que Râvana tombe sous nos coups avec tous ses noctivagues ! » criaient les singes devant l’époux de Sîtâ.

Cette grande et terrible armée des singes, pareille aux vagues de l’Océan, serpentait dans sa route avec un bruit immense, telle qu’une mer, dont la tempête a déchaîné la fougue impétueuse.

Ensuite, d’une voix affectueuse et tout en cheminant sur Angada, le resplendissant Lakshmana dit à Râma ces mots d’une parfaite justesse : « Bientôt, ayant tué Râvana et reconquis la Vidéhaine, qui te fut ravie, tu dois revenir, couronné de succès, dans Ayodhyâ, la ville aux abondantes richesses. Je vois, fils de Raghou, sur la terre et dans le ciel de grands signes, tous heureux et qui te promettent la réussite dans ton expédition. Le vent accompagne les armées d’un souffle bon, agréable, doux, fortuné ; ces quadrupèdes et ces volatiles, qui ramagent ou crient, ont des couleurs et des sons parfaits.

« Une ruine certaine menace donc les Rakshasas, que la mort a déjà saisis dans cette heure même : j’en ai pour signes l’oppression des constellations et des planètes, qui leur sont affectées. »

Le Soumitride joyeux parlait ainsi et consolait son frère. L’innombrable armée s’avançait, couvrant toute la surface de la terre : le sol en avait disparu sous la foule de ces héros ours et singes, de qui les armes étaient les ongles et les dents. La poussière, soulevée par les singes avec la pointe de leurs pieds, avec le bout de leurs mains, offusquait la clarté du soleil et dérobait aux yeux le monde terrestre.

Toute la grande armée des simiens ravie, joyeuse,