Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Râma ait de l’indulgence : quel mortel n’a pas une faute à se reprocher ? »

Ce langage du magnanime Sougrîva fit plaisir à Lakshmana, qui répondit ces mots avec amour : « Ces paroles, tombées de ta bouche, Sougrîva, sont d’une âme reconnaissante, qui sait le devoir et ne recule pas en face des batailles : elles sont dignes et convenables. Quel mortel, assis dans une haute puissance, toi, singe, et mon frère majeur exceptés, saurait ainsi reconnaître sa faute ? Oui ! tu es l’égal de Râma pour la bravoure et la force : ce sont les Dieux mêmes, roi des singes, qui t’ont donné à nous pour notre bonheur après une longue attente !

« Mais sors promptement d’ici ; viens, héros, avec moi, viens consoler ton ami, le cœur déchiré à la pensée de son épouse ravie. Veuille bien excuser toutes les paroles injurieuses que j’ai dites pour toi sous l’impression des plaintes du Raghouide, vaincu par sa douleur. »

Les singes chargés des ordres du roi volent de tous les côtés et, couvrant le ciel, route divine, où circule Vishnou, ils tiennent offusqués les rayons du soleil. Dans les mers, dans les forêts, dans les montagnes et sur la rive des fleuves, les envoyés appellent tous les singes à soutenir la cause de Râma.

Partout, aussitôt qu’ils ont ouï les paroles des messagers et reçu l’ordre du monarque, semblable au noir Trépas, la gent quadrumane est frappée de terreur.

Alors trois kotis[1] de singes au poil sombre comme

  1. Afin que l’on apprécie mieux toute l’ampleur de ces hyperboles, il n’est sans doute pas inutile d’avertir qu’un koti égale dix millions.