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quet royal, peuplé de maintes gazelles et rempli d’éléphants ivres d’amour. Bientôt ce bocage n’offrit plus aux regards que des formes hideuses par ses arbres cassés, ses bassins d’eau rompus, et ses montagnes réduites en poussière.

Quand le grand singe, émissaire de l’auguste et sage monarque des hommes eut achevé cet immense dégât, il s’avança vers la porte en arcade, ambitieux de combattre seul contre les nombreuses et puissantes armées des Rakshasas.


Cependant le cri du singe et le brisement de la forêt avaient jeté le trouble et l’épouvante chez tous les habitants de Lankâ. Aussitôt que le sommeil eut abandonné leurs paupières, les Rakshasîs aux hideuses figures virent ce bocage dévasté et le géant héros des quadrumanes.

Elles, à l’aspect du vigoureux simien, le corps démesuré, tel enfin qu’un nuage, de s’enquérir à la fille du roi Djanaka : « Qui est-il ? De qui est-il né ? D’où vient-il ? Quel sujet l’a conduit ici ? Et comment, fille de roi, se fait-il qu’il tienne ici conversation avec toi ? »

Alors, cette fille des rois, belle en toute sa personne : « Je ne crois pas le connaître, dit Sîtâ, parce qu’il est donné aux Rakshasas de prendre toutes les formes qu’ils veulent. Mais vous connaissez, vous ! ce qu’il est et ce qu’il fait, car le serpent doit connaître les pas du serpent : il n’y a pas de doute ! »

À ces paroles de Sîtâ, les Rakshasîs furent saisies d’étonnement : les unes de rester là, les autres de s’en aller raconter cet événement à Râvana. Les mains réunies en coupe à leurs tempes, courbant leurs têtes jusqu’à terre, pleines d’effroi et les yeux égarés : « Roi, lui dirent-elles,