et distinguée, toi, à qui tes vertus ont gagné l’affection du roi Daçaratha, ton père. Ô bonheur ! ma dévotion pour l’Homme-Dieu aux yeux de lotus ne fut pas stérile, et j’augure que sur lui va se poser aujourd’hui cette félicité merveilleuse du saint roi Ikshwâkou ! »
Après ce langage de sa mère, Râma, jetant sur Lakshmana, assis devant lui, son corps incliné et ses mains jointes, un regard accompagné d’un sourire, lui adressa les paroles suivantes : « Lakshmana, gouverne avec moi ce monde ; tu es ma seconde âme, et ce bonheur qui m’arrive est en même temps pour toi ! Fils de Soumitrâ, goûte ces jouissances désirées et savoure ces doux fruits de la royauté ; car, si j’aime et la vie et le trône, c’est à cause de toi ! »
Quand il eut ainsi parlé à son cher Lakshmana, Râma, s’étant incliné devant ses deux mères, fit prendre congé à Sitâ et retourna dans son palais.
La rue royale se trouvait alors dans Ayodhyâ tout obstruée par les multitudes entassées des hommes, dont cet événement avait excité la curiosité, et de qui les danses joyeuses dispersaient un bruit semblable à celui de la mer, quand le vent soulève ses humides flots. La noble cité avait arrosé et balayé ses grandes rues, elle avait orné de guirlandes sa rue royale, elle s’était pavoisée de ses vastes étendards.
En ce moment tous les habitants d’Ayodhyâ, hommes, femmes, enfants, par le désir impatient de voir le sacre de Râma, soupiraient après le retour du soleil. Chacun désirait contempler cette grande fête.
Râma se purifia d’une âme recueillie ; puis, avec la belle Vidéhaine, son épouse, comme Nârâyana avec Lakshmi,