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verne toute l’étendue si vaste de la terre, j’irai doucement au ciel, où me conduit cet âge avancé. »

Dès qu’ils eurent connaissance des sentiments du monarque, les hommes de bon jugement et qui savaient pénétrer dans le fond des choses, instituteurs spirituels, conseillers d’État, citadins et même villageois se réunirent, tinrent conseil, arrêtèrent une résolution, et tous, de toutes parts, ils dirent au vieux roi Daçaratha : « Auguste monarque, te voilà un vieillard devenu plusieurs fois centenaire : ainsi daigne consacrer ton fils Râma comme héritier de ta couronne. »

À ce discours, tel que son cœur l’avait souhaité, il dissimula son désir et répondit à ces hommes, dont il voulait connaître mieux toute la pensée : « Pourquoi vos excellences désirent-elles que j’associe mon fils à mon trône dans le temps même où je suffis à gouverner la terre avec justice ? »

Ces habitants de la ville et des campagnes répondirent à ce magnanime : « Nombreuses et distinguées, ô roi, sont les qualités de ton fils. Il est doux, il a des mœurs honnêtes, une âme céleste, une bouche instruite à ne dire que des choses aimables et jamais d’invectives ; il est bienfaisant, il est comme le père et la mère de tes sujets.

« À quelque guerre, ô mon roi, que tu ordonnes à ton fils de marcher, il s’en retourne d’ici et de là toujours victorieux, après que sa main a terrassé l’ennemi ; et, quand il revient parmi nous, triomphant des armées étrangères, ce héros, tirant de la victoire même une modestie plus grande, nous comble encore de ses politesses.

« Rentre-t-il d’un voyage, monté sur un éléphant ou porté dans un char, s’il nous voit sur le chemin royal, il