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tous les habitants des cieux la part que le rituel assignait à chacun d’eux.

Voici que tout à coup, sortant du feu sacré, apparut devant les yeux un grand être, d’une splendeur admirable, et tout pareil au brasier allumé. Le teint bruni, une peau noire était son vêtement ; sa barbe était verte, et ses cheveux rattachés en djatà[1] ; les angles de ses yeux obliques avaient la rougeur du lotus : on eût dit que sa voix était le son du tambour ou le bruit d’un nuage orageux. Doué de tous les signes heureux, orné de parures célestes, haut comme la cime d’une montagne, il avait les yeux et la poitrine du lion.

Il tenait dans ses bras, comme on étreint une épouse chérie, un vase fermé, qui semblait une chose merveilleuse, entièrement d’or, et tout rempli d’une liqueur céleste.

« Brahme, dit le spectre qui s’était manifesté d’une manière si étonnante, sache que je suis un être émané du souverain maître des créatures pour venir en ces lieux mêmes. — Reçois ce vase donné par moi et remets-le au roi Daçaratha : c’est pour lui que je dépose en tes mains ce divin breuvage. Qu’il donne à savourer ce philtre générateur à ses épouses fidèles ! »

Le plus excellent des brahmes lui répondit en ces termes : « Donne toi-même au roi ce vase merveilleux. »

La resplendissante émanation du souverain maître des créatures dit au fils d’Ikshwâkou avec une voix de la plus haute perfection : « Grand roi, j’ai du plaisir à te donner

  1. Cheveux relevés en gerbe et noués sur le sommet de la tête, mode accoutumée des ascètes.