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religieusement gardé chez toi. Montre cette merveille, s’il te plaît, à ces jeunes fils de roi ; et, quand tu auras satisfait leur envie par la vue de cet arc, ils feront ensuite ce que tu peux souhaiter d’eux. »

À ce discours, le roi Djanaka joignit les mains et fit cette réponse : « Écoutez d’abord la vérité sur cet arc, et pour quelle raison il fut mis chez moi. — Un prince nommé Dévarâta fut le sixième dans ma race après Nimi : c’est à ce monarque magnanime que cet arc fut confié en dépôt. Au temps passé, dans le carnage qui baigna de sang le sacrifice du vieux Daksha, ce fut avec cet arc invincible, que Çankara mutila tous les Dieux, en leur jetant ce reproche mérité : Dieux, sachez-le bien, si j’ai fait tomber avec cet arc tous vos membres sur la terre, c’est que vous m’avez refusé dans le sacrifice la part qui m’était due. »

« Tremblants d’épouvante, les Dieux alors de s’incliner avec respect devant l’invincible Roudra, et de s’efforcer à l’envi de reconquérir sa bienveillance. Çiva fut enfin satisfait d’eux ; et souriant il rendit à ces Dieux pleins d’une force immense tous les membres abattus par son arc magnanime.

« C’est là, saint anachorète, cet arc céleste du sublime Dieu des Dieux, conservé maintenant au sein même de notre famille, qui l’environne de ses plus religieux honneurs.

« J’ai une fille belle comme les Déesses et douée de toutes les vertus ; elle n’a point reçu la vie dans les entrailles d’une femme, mais elle est née un jour d’un sillon, que j’ouvris dans la terre : elle est appelée Sîtâ, et je la réserve comme une digne récompense à la force. Très souvent des rois sont venus me la demander en ma-