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mante, de qui la bouche avait prononcé des paroles si aimables, et il entra dans son ermitage avec elle.

« Avec elle encore, cinq et cinq années de Viçvâmitra s’écoulèrent comme un instant au sein du plaisir ; et le solitaire, à qui cette nymphe avait dérobé son âme et sa science, ne compta ces dix ans passés que pour un seul jour. — Après ce laps de temps, l’ascète Viçvâmitra s’aperçut de son changement par sa réflexion sur lui-même et jeta ces mots avec colère : « Ma science, le trésor de pénitence, que je m’étais amassé, ma résolution même, il n’a fallu qu’un instant ici pour tout détruire : qu’est-ce donc, hélas ! que les femmes ? »

« Ensuite, ayant congédié la nymphe avec des paroles affectueuses, irrité contre lui-même, il s’astreignit aux plus atroces macérations.

« Dix nouveaux siècles encore, l’anachorète à la splendeur infinie parcourut cette difficile carrière.

« Ses bras levés en l’air, debout, sans appui, se tenant sur la pointe d’un seul pied, immobile sur la même place, comme un tronc d’arbre, n’ayant pour aliments que les vents du ciel ; enveloppé de cinq feux, l’été, dans l’hiver, sans abri, qui le défendît contre les nuages pluvieux, et couché l’hiver dans l’eau : voilà quelle fut la grande pénitence, à laquelle s’astreignit cet énergique ascète. Il resta ainsi lié à cette cruelle, à cette culminante pénitence une révolution entière de cent années ; et la crainte alors vint saisir tous les Dieux au milieu du ciel.

« Le roi des Immortels, Çakra lui-même tomba dans une extrême épouvante ; il se mit à chercher dans sa pensée la ruse qui pouvait mettre un obstacle dans cette pénitence. Et bientôt, appelant à lui Rambhâ, la séduisante apsarâ, l’auguste monarque, environné par l’essaim