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vertu, parce qu’il faut traverser une immense difficulté.

« Cet adolescent, fils d’un solitaire, désire que je lui porte secours, veuillez donc faire une chose, que je verrais avec plaisir, celle de sacrifier votre vie pour sauver la sienne. »

« À cet ordre itératif de leur père, il fut répondu avec insolence par les fils du saint anachorète ces paroles blessantes : — « Comment ! tu sacrifies tes fils pour sauver les fils d’autrui ! Agir ainsi, bienheureux, c’est dévorer ta chair elle-même ! » À peine l’anachorète eut-il entendu ces mots amers, que, les yeux enflammés de courroux, il maudit alors ses fils et tint ce langage à Çounaççépha : « Au moment où tu seras consacré comme victime, récite alors, mon fils, ce mantra ou prière secrète, que je vais t’enseigner et qui roule sur les justes louanges de Mahéndra. Dans le temps que tu réciteras cette prière, le fils de Vasou, Indra lui-même, viendra te sauver de la mort qui t’est réservée comme victime ; et cependant le sacrifice de ce puissant maître de la terre n’en sera pas moins célébré sans aucun empêchement. »

« Çounaççépha fut donc lié au poteau et consacré, après que le sacrificateur, ayant reconnu en lui tous les signes de bon augure, eut approuvé et purifié cette victime. Celui-ci garrotté à la colonne fatale, donnant au même instant le plus grand essor à sa voix, se mit à célébrer dans ses chants mystérieux le roi des Immortels, Indra aux coursiers fauves, que le désir d’une sainte portion avait conduit au sacrifice. Ravi par ce chant, le Dieu aux mille yeux combla tous ses vœux. Çounaççépha reçut de lui d’abord cette vie si désirée, ensuite une éclatante renommée. Le roi même obtint aussi, par la faveur de l’Immortel aux mille regards, ce fruit du sacrifice, tel