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royal saint Viçvâmitra, comblé d’une vive allégresse, en devint alors tout plein d’orgueil. Enflé par cette force nouvelle, comme la mer au temps de la pleine lune, il se crut déjà le vainqueur de Vaçishtha, le meilleur des anachorètes. — Il revint donc à l’ermitage de l’homme saint et décocha contre lui ses flèches mystiques, par lesquelles tout le bois de la pénitence fut ravagé d’un immense incendie.

« En un instant, l’ermitage du magnanime Vaçishtha fut vide et il devint pareil au désert sans voix. « Ne craignez pas, criait Vaçishtha mainte fois, ne craignez pas ! Me voici pour anéantir le fils de Gâdhi, comme le grésil, qui fond à l’aspect du soleil ! » À ces mots, l’éblouissant Vaçishtha, le plus excellent des êtres doués de la parole, adressa, plein de colère, ce discours à Viçvâmitra :

« Insensé, toi, qui as détruit cet ermitage longtemps heureux, tu as commis là une mauvaise action : c’est pourquoi tu périras ! »

« Il dit, et, touchée par son bâton brahmique, la flèche terrible et sans égale du feu s’éteignit, comme l’eau éteint la flamme impétueuse.

« Viçvâmitra alors, accablé de chagrin, dit ces mots, qui suivaient plus d’un soupir : « La force du kshatrya est une chimère ; la force réelle, c’est la force inséparable de la splendeur brahmique ! Il n’a fallu au brahme que son bâton pour briser toutes mes armes ! Ainsi vais-je, après que j’ai vu de mes yeux les effets d’une telle force, amender tous mes sens et me vouer aux rigueurs de la pénitence, pour m’élever de ma caste à celle des brahmes. » Il dit, et ce resplendissant monarque rejeta loin de lui toutes ses armes.