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sant, réfléchit alors sur lui-même avec plus de modestie.

« Comme le serpent, auquel on a brisé les dents ; comme l’oiseau, auquel on a coupé les ailes ; comme la mer, quand elle n’a plus ses vagues ; comme le soleil obscurci au temps où l’éclipse a dérobé sa lumière, ce prince malheureux, ses fils morts, son armée détruite, son orgueil à bas, ses moyens pulvérisés, tomba dans le mépris de soi-même.

« Ayant donc mis à la tête de son empire le seul fils qui n’eût pas encouru le malheur des autres, afin qu’il protégeât la terre, comme il sied au kshatrya, le roi Viçvâmitra se retira au fond d’un bois. Là, sur les flancs de l’Himâlaya, dans un lieu embelli par les Kinnaras, ces mélodieux Génies, il s’astreignit à la plus rude pénitence pour gagner la bienveillance de Mahâdéva. Après un certain laps de temps, le grand Dieu rémunérateur, qui porte sur son étendard l’image d’un taureau, vint trouver le roi pénitent, et lui dit : « Pourquoi subis-je cette rigide pénitence ? Dis, roi ! je suis le dispensateur des grâces ; fais-moi connaître quelle faveur tu désires. »

« À ces paroles du grand Dieu, l’austère pénitent se prosterna devant Mahâdéva, et lui tint ce langage : « Si tu es content de moi, divin Mahâdéva, mets en ma possession l’arc Véga, avec l’arc Anga, l’arc Oupânga, l’arc Oupanishad et tous leurs secrets : fais apparaître à mes yeux ces armes, qui sont en usage chez les Dieux, les Dânavas, les Rishis, les Gandharvas, les Yakshas et les Rakshasas. Voilà, Dieu illustre des Dieux, ce que mon cœur demande à ta bienveillance ! » — « Qu’il en soit ainsi ! » reprit le souverain des Immortels ; et, cela dit, il retourna dans les cieux.

« Quand il eut reçu les armes désirées, l’illustre et