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j’ai été splendidement traité par toi, si digne assurément de toute vénération. Écoute, homme versé dans l’art de parler, ju vais dire un seul mot : Donne-moi Çabalâ pour cent mille vaches. Certes ! c’est une perle, saint brahme, et les rois ont part, tu le sais, aux perles trouvées dans leurs États : donne-moi Çabalâ ; elle m’appartient à bon droit ! »

« À ces paroles de Viçvâmitra, le bienheureux Vacishtha, le plus vertueux des anachorètes et comme la justice elle-même en personne, répondit ainsi au maître de la terre : « Ô roi, ni pour cent milliers, ni même pour un milliard de vaches, ou pour des monts tout d’argent, je ne donnerai jamais Çabalâ. Elle n’a point mérité que je l’abandonne et que je la repousse loin de ma présence, dompteur puissant de tes ennemis : cette bonne Çabalâ est toujours à mes côtés, comme la gloire est sans cesse auprès du sage, maître de son âme. Je trouve en elle, et les oblations aux Dieux, et les offrandes aux Mânes, et les aliments nécessaires à ma vie : elle met tout près de moi, et le beurre clarifié, que l’on verse dans le feu sacré, et le grain, que l’on répand sur la terre ou dans l’eau, en signe de charité à l’égard des créatures. Les sacrifices en l’honneur des Immortels, les sacrifices en l’honneur des ancêtres, les différentes sciences, toutes ces choses, n’en doute pas, saint monarque, reposent ici vraiment sur elle.

« C’est de tout cela, ô roi, que se nourrit sans cesse ma vie. Je t’ai dit la vérité : oui, pour une foule de raisons, je ne puis te donner cette vache, qui fait ma joie ! »

« Il dit ; mais Viçvâmitra, habile à manier la parole, adresse encore au saint anachorète ce discours, dans le