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saveurs, fais pleuvoir ici, pour l’amour de moi, céleste Kâmadhoub, fais pleuvoir toutes ces délices. Hâte-toi, Çabalâ, de servir à ce monarque un banquet hospitalier sans égal avec tout ce qui existe de plus savoureux en mets, en breuvages, en toutes ces friandises, que l’on suce ou lèche avec sensualité ! »

« Quand Vaçishtha l’eut ainsi appelée, vaillant immolateur de tes ennemis, Çabalâ se mit à donner toutes les choses désirées, au gré de quiconque trayait sa mamelle : des cannes à sucre, des rayons de miel, des grains tout frits, le rhum, que l’on tire des fleurs du lythrum, le plus délicieux esprit de l’arundo saccharifera, les plus exquis des breuvages, toutes les sortes possibles d’aliments, des mets, soit à manger, soit à sucer, des monceaux de riz bouilli, pareils à des montagnes, de succulentes pâtisseries, des gâteaux, des fleuves de lait caillé, des conserves par milliers, des vases regorgeants çà et là de liqueurs fines, variées, dans les six agréables saveurs.

« Cette foule d’hommes, et toute l’armée de Viçvamitra, si magnifiquement traitée par Vacishtha, fut pleinement satisfaite et rassasiée à cœur joie. À chaque instant, Çabalâ faisait ruisseler en fleuves tous les souhaits réalisés au gré de chaque désir. L’armée entière de ce grand Viçvâmitra, le roi saint, fut donc alors joyeusement repue dans ce banquet, où, terrible immolateur de tes ennemis, elle fut régalée de tout ce qu’elle eut envie de savourer.

« Le monarque, pénétré de la plus vive joie, avec sa cour, avec le chef de ses brahmes, avec ses ministres et ses conseillers, avec ses domestiques et son armée, avec ses chevaux et ses éléphants, adressa ce discours à Vaçishtha : « Brahme, qui donne à chacun ce qu’il veut,