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du ciel sur la face de la terre, ayant reconquis par la vertu de cette eau leur ancienne pureté, remontèrent dans les palais éthérés. Tout au long de ses rives, les Rishis divins, les Siddhas et les plus grands saints murmuraient la prière à voix basse. Les Dieux et les Gandharvas chantaient, les chœurs des Apsaras dansaient, les troupes des anachorètes se livraient à la joie, l’univers entier nageait dans l’allégresse.

« Cette descente de la Gangà comblait enfin de plaisir tous les trois mondes. Le royal saint à la splendeur éclatante, Bhagîratha, monté sur un char divin, marchait à la tête. Ensuite, avec la masse de ses grandes vagues, noble fils de Raghou, la Gangà venait par derrière, comme en dansant. Dispersant çà et là ses eaux d’un pied allègre, parée d’une guirlande et d’une aigrette d’écume, pirouettant dans les tourbillons de ses grandes ondes, déployant une légèreté admirable, elle suivait la route de Bhagîratha et s’avançait comme en s’amusant d’un folâtre badinage. Tous les Dieux et les troupes des Rishis, les Daityas, les Dànavas, les Rakshasas, les plus éminents des Gandharvas et des Yakshas, les Kinnaras, les grands serpents et tous les chœurs des Apsaras suivaient, noble Râma, le char triomphal de Bhagiratha.

« De même, tous les animaux qui vivent dans les eaux accompagnaient joyeux le cours du fleuve célèbre, adoré en tous les mondes. Là où allait Bhagîratha, le Gange y venait aussi, ô le plus éminent des hommes. Le roi se rendit au bord de la mer, aussitôt, baignant sa trace, la Gangà se mit à diriger là sa course. De la mer, il pénétra avec elle dans les entrailles de la terre, à l’endroit fouillé par les fils de Sigara ; et, quand il eut introduit le Gange au fond du Tartare, il consola enfin tous les mânes de ses