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« Si Bhagavat est content de moi, s’il est quelque valeur à ma pénitence, que les fils de Sagara obtiennent par moi en récompense la cérémonie des eaux lustrales ; que, cette cendre vaine de leurs corps une fois lavée par la Gangâ, tous nos aïeux purifiés entrent sans tache dans le séjour du ciel ; que cette race illustre ne vienne jamais à s’éteindre en aucune manière dans la famille d’Ikshwâkou ! Je n’ai rien à demander qui me soit plus cher. »

« À ces paroles du royal solitaire, l’aïeul originel de tous les êtres lui répondit en ce gracieux langage orné de syllabes douces : « Bienheureux Bhagîratha, distingué jadis par ton adresse à conduire un char, maintenant par la richesse de tes mortifications, que la famille d’Ikshwâkou impérissable, comme tu veux, ne soit jamais retranchée des vivants.

« Tombée des cieux, la Gangâ, qui est le plus grand des fleuves, briserait entièrement la terre dans sa chute par la masse énorme de ses flots. Il faut donc, ô roi, supplier d’abord le dieu Çiva de porter lui-même cette cataracte ; car il est certain que la terre ne pourra jamais soutenir le saut du Gange. Je ne vois pas dans le monde une autre puissance que Çiva capable de supporter l’impétuosité écrasante du fleuve tombant : implore donc cette grande divinité. »

« Il dit, et, quand il eut de nouveau engagé ce roi à conduire le Gange sur la terre, l’aïeul primordial des créatures, Bhagavat s’en alla dans le triple ciel. »

« Après le départ de cet aïeul originel de tous les êtres, le royal anachorète jeûna encore une année, se tenant sur un pied, le bout seul d’un orteil appuyé sur le sol de la terre, ses bras levés en l’air, sans aucun appui, n’ayant pour aliment que les souffles du vent, sans abri,