Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/381

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui sait manier les rênes de la parole, vient ici, monté, suivant l’ordre de Râma, sur le char de sa résolution. »

À ces mots d’Hanoûmat : « Il en est ainsi ! » dit Angada, saisi de tristesse ; et, là-dessus, il ajoute ces paroles à son père adoptif : « Admets-le devant toi, ou bien arrête-le dans sa marche ; fais ce que tu penses convenable ; il est certain que Lakshmana vient ici d’un air furieux ; mais nous ignorons tous quelle peut être la cause de sa colère. »

Sougrîva, courbant un peu la tête, réfléchit un instant ; et quand il eut pesé le fort avec le faible des paroles qu’Hanoûmat et ses autres ministres venaient ainsi de lui adresser, le monarque, expert à manier le discours, tint ce langage à tous ses conseillers, d’une grande habileté dans les délibérations : « Je ne trouve en moi nulle faute, soit en parole, soit en action, pour m’expliquer cette colère, qui pousse vers nous Lakshmana, ce frère du noble Raghouide. Peut-être mes ennemis jaloux, et qui guettent sans cesse une occasion, auront-ils fait tomber dans les oreilles de Râma les insinuations d’une faute dont je suis innocent.

« L’amitié est facile à gagner de toutes les manières ; mais elle est difficile à conserver : un rien suffit à briser l’affection par suite de l’inconstance des esprits. Je suis donc infiniment inquiet au sujet du magnanime Râma, parce qu’il me fut impossible jusqu’ici d’acquitter avec le mien cet éminent service, que j’ai reçu de sa faveur. »

À ces mots du monarque, Hanoûmat lui fit cette réponse au milieu de ses ministres quadrumanes :

« Il n’y a rien d’étonnant, souverain des tribus simiennes, à ce que tu n’aies pas oublié cet éminent service tout de bienveillance ; car ce fut pour le seul plaisir de t’obli-