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Il n’avait pas encore achevé de parler sous l’oppression violente du trait acéré que ses yeux se roulent affreusement dans leur orbite, ses dents s’entre-choquent avec une force à les briser, et le mourant exhale enfin sa vie dans un dernier soupir. Alors, toute plongée dans un océan de chagrin, Târâ, les yeux fixés sur la face glacée de son cher époux, retomba dans la poussière, tenant Bâli embrassé comme une liane roulée autour d’un grand arbre.

Quand l’aîné des Raghouides, l’exterminateur des ennemis, vit que Bâli avait exhalé son dernier soupir, il tint à Sougrîva ce discours modeste : « L’homme ne se laisse point ainsi enchaîner par le chagrin, il s’élance vers une condition meilleure. Que Târâ s’en aille avec son fils habiter maintenant chez toi. Tu as répandu ces larmes, qui viennent à la suite d’une violente douleur : c’est assez ! car, passé la mort, il ne reste plus rien à faire. La nécessité est la cause universelle, la nécessité embrasse le monde, la nécessité est la cause qui agit dans la séparation de tous les êtres. Néanmoins, que l’homme ne perde jamais de vue, dans les évolutions de ce Destin, le bien, sur lequel on doit toujours fixer les yeux, car le Destin même embrasse dans sa marche le devoir, l’utile et l’agréable.

« Bâli est rentré au sein de la nature ; il a reçu dans cette mort donnée le fruit amer de son œuvre : que l’on célèbre maintenant les funérailles du roi des singes, comblé de tous les dons funèbres. Son âme fut chassée du corps, parce qu’il a commis l’injustice et qu’il en a recueilli ce fruit ; mais, comme il est rentré dans le devoir, à la fin de sa vie, le Paradis lui fut donné pour sa récompense. Nous avons accordé ce qu’il faut à la dou-