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nemi, qui s’était approché de nouveau pour le combat : accablé sous la pesanteur du coup, Bâli chancelle et vacille.

Cependant Râma voyait Bâli rompre la fierté de Sougrîva et lui abattre même sa vigueur ; il en fut irrité d’une furieuse colère. Il encoche soudain une flèche, qui semblait un serpent de flamme et l’envoie frapper au cœur Bâli à la grande force, à la guirlande tissue d’or. Le sein percé du trait, celui-ci tombe, les sens troublés et la route de sa vie brisée : « Ah ! s’écrie-t-il, je suis mort ! » Alors, comme un éléphant plongé dans un marais fangeux, Bâli, d’une voix triste et le gosier obstrué par des pleurs, dit ces mots à Râma, qu’il voyait debout près de lui : « Quelle gloire espères-tu de cette mort, que tu m’as portée dans un instant où je n’avais pas les yeux tournés de ton côté ? car tu m’as frappé lâchement caché et tandis que ce duel absorbait toute mon attention ! »

Après la chute de ce héros, le monarque des singes, on vit la face de la terre s’obscurcir, comme le ciel quand la lune est plongée dans les nuages. Mais ni la vie, ni la force, ni le courage, ni la beauté n’avaient déserté le corps de ce magnanime, étendu sur la terre. En effet, sa guirlande céleste, qu’un Dieu avait tissue d’or, était comme attentive elle-même à soutenir dans sa fin la vie de ce quadrumane, le plus noble des singes.


La nouvelle, que Râma d’une flèche, envoyée par sa main, avait renversé Bâli mortellement frappé, était déjà parvenue à l’oreille de Târâ, son épouse. À peine eut-elle appris cette mort si horrible de son mari, qu’elle sortit, versant des larmes, précipitant son pas, accompagnée de son fils, hors de cette caverne de la montagne.