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comme une liane en fleurs, ne tarde point à nous donner son fruit ! »

« Maintenant que mes yeux, répondit l’époux de Sîtâ, peuvent te distinguer à cette guirlande, roi des singes, va en pleine confiance, ami, et défie une seconde fois Bâli au combat. »


Bâli, entré dans le sérail de ses femmes, entendit avec colère ce nouveau défi de Sougrîva, son frère. À ce fracas épouvantable, que le robuste singe apportait à ses oreilles une seconde fois, sa figure se rembrunit tout à coup, comme le soleil obscurci dans une éclipse.

Faisant grincer les dents longues de sa bouche et la fureur teignant son poil d’une couleur plus rouge encore, sa face brillait avec ses yeux tout grands ouverts, comme un lac aux lotus épanouis. Le roi des simiens sortit avec impétuosité et la marche de ses pieds fit trembler, pour ainsi dire, toute la terre. Mais Târâ aussitôt embrassa, pleine d’effroi, son royal époux, qui s’élançait ainsi hors de la caverne béante, et lui tint ce langage : « Allons, héros ! abandonne cette colère, de même que, le matin, au sortir de la couche, tu rejettes une guirlande froissée !

« Ton frère est déjà venu, bouillant de colère, et t’a défié au combat : tu es sorti ; il a succombé dans cette lutte sous ta vigueur et s’est enfui, chassé par la crainte. Ce défi, qu’il rapporte ici, fait naître en moi des soupçons, surtout à la pensée qu’il s’est déjà vu tout à l’heure abattu et tué même, pour ainsi dire, sous ta main.

« Une telle arrogance dans ce vaincu, qui rugit, tant de résolution, ce tonnerre de sa voix, tout cela n’est point d’une légère importance.