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sa présence avec Lakshmana et ses conseillers, il tint ce langage, baissant la tête et plein de honte : « Après que tu m’as fait admirer ta force et que tu m’as dit : « Provoque Bâli au combat ! » pourquoi donc as-tu mis ta promesse en oubli et m’as-tu laissé battre ainsi par mon ennemi ?

« Si tu voulais, le ciel détourne ce malheur ! si tu voulais que Bâli me donnât la mort dans ce combat, quel besoin avais-je de ton amitié pour m’aider à recouvrer mon royaume, puisque j’allais cesser de vivre ? »

Le Raghouide entendit sans colère sortir de sa bouche ces paroles affligées et beaucoup d’autres semblables : « Dépose ton chagrin, Sougrîva ! lui dit-il. Écoute maintenant la cause, roi des singes, qui me retint de lancer ma flèche.

« Toi, Sougrîva et Bâli, vous êtes l’un à l’autre semblables par la guirlande, le vêtement, la démarche et la taille. Cri, lustre, station, marche, regard ou parole, il n’est rien qui vous distingue à mes sens avec certitude. Aussi, roi des singes, troublé par une telle ressemblance de formes, je n’ai point alors décoché ma flèche : « Qui m’assure ici, me disais-je, que je ne vais pas tuer mon ami ? »

« Veuille donc bien attacher sur ton corps un signe qui soit comme un drapeau, et par lequel je puisse te reconnaître une fois engagé dans ce combat de l’un contre l’autre.

« Tresse-nous, Lakshmana, une guirlande avec une branche de boswellia parée de ses fleurs, et mets-la au cou du magnanime Sougrîva. »

« Héros, dit le singe, tu m’as promis naguère que ta flèche lui porterait la mort : tâche que ta promesse,