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et furieux il sortit de sa caverne, comme le soleil, qui sort du milieu des nuages. Alors, s’éleva entre ces deux rivaux un combat d’un assourdissant tumulte : telle, dans les champs du ciel, une terrible et grande bataille entre les deux planètes Angâraka et Bouddha[1].

Ils se frappaient l’un l’autre dans cet horrible duel avec leurs paumes semblables à des foudres, avec leurs poings durs comme les diamants, avec des arbres, avec les crêtes elles-mêmes des montagnes !

En ce moment Râma prit son arc et regarda les combattants ; mais ses yeux les virent tous deux égaux par le corps, semblables exactement l’un à l’autre, et pareils celui-ci à celui-là pour la vaillance et la force : il reconnut alors qu’on ne pouvait distinguer le premier du second, comme il en est pour les deux beaux Açwins. Dans cette parfaite ressemblance, le vaillant Raghouide ne pouvait discerner Sougrîva, ni Bâli : aussi ne voulut-il pas encore lancer une flèche au milieu du combat.

Sur ces entrefaites, rompu sous la main de Bâli et voyant ce qu’il s’imaginait une trahison du Raghouide, son allié, Sougrîva se mit à courir vers le Rishyamoûka. Épuisé, baigné de sang, accablé de coups, frappé avec fureur, il se réfugia dans la grande forêt. À peine le resplendissant Bâli eût-il vu que son ennemi s’était dérobé dans ces bois, il fit volte-face, chassé par la crainte d’une malédiction, jadis fulminée contre lui, et s’en retourna en disant : « Tu m’as échappé ! »

Le noble Raghouide, accompagné de son frère et des ministres, s’en vint lui-même trouver Sougrîva dans cette retraite ; et, quand le singe infortuné vit Râma en

  1. Mars et Mercure.